Par Maxime Brousse. Photos : Liam Gallagher.
Au printemps dernier, à peu près au moment où sortait On the road au cinéma, je suis tombé sur le teaser du film de Liam Gallagher, The Mad Ones. En le regardant, je me suis demandé exactement la même chose que le jour où j’ai découvert Neil Young : « Mais pourquoi personne ne m’avait prévenu que ce truc existait ? ». Par-dessus les images de routes enneigées, d’autoradios foireux et de riders chillant devant un spot, on entendait la première phrase du poème de Ginsberg : « America, I’ve given you all and now I’m nothing. » Très vite, elle se mélangeait à celle de son pote Jack Kerouac répondant à des journalistes ou lisant des extraits de son livre, Sur la route, dont cette phrase qui a inspiré à Liam le titre de son film et à Katy Perry son tube « firework » :
«Pour moi ne comptent que ceux qui sont fous de quelque chose, fous de vivre, fous de parler, fous d’être sauvés, ceux qui veulent tout en même temps, ceux qui ne bâillent jamais, qui ne disent pas de banalités, mais brûlent, brûlent, brûlent comme un feu d’artifice.»
J’ai demandé à Liam de me parler de ce projet et voilà ce qu’il avait à me dire :
Ton nouveau film s’appelle The Mad Ones en référence au livre de Kerouac. Est-ce que tu penses que les riders qui sont dans ton film sont la nouvelle beat generation ?
Oui, ça vient de cette phrase, dans le livre :
« They danced down the streets like dingledodies, and I shambled after as I’ve been doing all my life after people who interest me, because the only people for me are the mad ones, the ones who are mad to live, mad to talk, mad to be saved, desirous of everything at the same time, the ones who never yawn or say a commonplace thing, but burn, burn, burn like fabulous yellow roman candles exploding like spiders across the stars and in the middle you see the blue centerlight pop and everybody goes “Awww!”. »
Je ressens la même chose. J’ai toujours été attiré par les gens barrés. C’est intéressant de les suivre. Tout simplement. C’est pour ça que j’ai choisi des gars comme Forest Bailey, Patrick McCarthy, Shaun McKay, Bryan Fox, Mark Landvik et les autres pour être dans The Mad Ones. C’est eux, les fous. Je les considère vraiment comme les beats des temps modernes.
Les snowboarders sont une beat generation. Le snowboard est une contre-culture. On a un objectif différent du reste de la société. Ils bossent, nous on ride. Dédier sa vie au snowboard, c’est risqué. Tu te mets en jeu. Tu voyages, tu fais la fête, tu te lèves tôt, tu passes la journée en montagne, tu te donnes à fond… tout ça pour le plaisir. On a de la chance de pouvoir faire ça, mais je pense que chacun provoque sa propre chance. Et tout le monde pourrait avoir notre chance. Le truc, c’est qu’il faut essayer. Kerouac et les Beats m’ont appris ça. Ils y allaient à fond. Ils remettaient l’autorité en question. Ils ont rejeté la société. Ils ont tracé leur propre chemin. C’est ce que font les snowboarders aujourd’hui.
Les gars étaient tous à fond sur Kerouac ?
Ouais, je crois que pas mal ont lu Kerouac. Je sais que Forest Bailey a voyagé avec un exemplaire de Sur la Route tout l’hiver. Il a vraiment aimé.
En général, les gens qui ont parlé de ton film ont soit juste précisé que le nom venait de Kerouac, soit regretté des « intros torturées » ou des montages qui gâchaient les tricks. Qu’est-ce que tu en penses ?
Oui, je crois que la plupart des gens veulent juste voir une succession de tricks, comme les edits de snow-porn qu’on voit partout. Il y a plein de crews qui font ça très bien. Ça m’intéresse pas. Je voulais raconter une histoire, montrer la personnalité des riders. Ils défoncent, mais c’est aussi des mecs intéressants, et c’est ça que je voulais mettre en avant. Je voulais aussi montrer comment se déroule une saison. Ce qu’on voit, ce qu’on vit. Le montage et la manière de filmer étaient des manières de raconter cette histoire.
Du coup, tu vas appeler ton prochain film Les Clochards célestes ?
Non, même si j’ai adoré le livre. J’ai envie de faire un autre film mais je n’ai pas encore de nom, juste des idées. Si tu t’intéresses à ceux qui ont succédé aux beats, tu peux avoir une idée du titre. Tu connais Ken Kesey ? Ce mec était aussi un beat.
J’espère que je pourrai mettre un teaser en ligne début 2013.
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