Lucas Baume aka Yung Doli est l’un des riders dont on parle le plus en ce moment. Sa façon de rider, de s’habiller et de se comporter sont unique et c’était le parfait sujet pour le troisième épisode de notre web-série Off The Bees en partenariat avec Vans. Nous sommes allés le filmer chez lui à Laax pendant la semaine du Vans Hi Standard, histoire de mieux comprendre le passage de Lucas Baume à Yung Doli, vivre le lifestyle Drink Sexy et filmer quelques tricks stylés dont il a le secret.
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Comment et ou as-tu commencé à rider ?
J’ai grandi à la Vallée de Joux à 1h de Lausanne en Suisse. Mes parents faisaient du ski et du snow et j’ai commencé avec eux. J’ai fait du ski de 4 à 9 ans puis mon père m’a acheté une board Rossignol Mini Pro et m’amenait tous les week-end sur les contests.
Parles nous un peu de tes débuts en contest ?
Je faisais des contests de rails à fond de mes 9 ans à mes 13 ans. J’avais même gagné la finale européenne du Volcom Peanut Butter Jam et fait la grande finale à Mammoth. C’était la première fois que je prenais l’avion, c’était fou. Ensuite j’ai commencé à faire un peu du slopestyle puis du pipe. J’ai fini à Davos en lycée sport étude quand j’avais 15 ans et là j’ai commencé les coupes du monde. Je faisais surtout du slopestyle. Je faisais des double corks à fond. Mais heureusement je me suis arrêté avant les triple !
Et à cette époque tu aimais l’esprit de la compétition ?
Oui jusqu’à mes 18 ans, j’étais bien à fond. Dès que je ridais je voulais apprendre des nouveaux tricks.
Qu’est-ce qui t’inspirait à cette époque dans le snowboard ? Tu regardais tous les contest et tu te disais que c’était ton truc où tu avais déjà d’autres inspirations ?
Oui je suivais ça à fond, les X Games, le Dew Tour, les JO et compagnie.
Et qu’est-ce qui t’as fait arrêter les contest ?
Je me suis blessé et j’ai commencé à avoir de l’appréhension. Tu viens de te casser un membre, tu as 1 mois pour reprendre tes marques sur la neige puis tu dois refaire une coupe du monde avec des kickers béton et du vent et là tu te te demandes ce que tu fais là. Mes meilleurs potes Max Burri et Leo Eisengatz avaient arrêté aussi donc je me suis retrouvé un peu tout seul. J’avais l’impression de faire du ski alpin à un moment !
Comment ça s’est passé quand tu as arrêté les contests ?
Tout le monde m’a pris pour un fou car à l’époque je gagnais 40 000 Francs suisses par saison. J’étais dans le team B de l’équipe Suisse mais j’avais fait des bons résultats en coupe du monde donc j’étais bien aidé financièrement. Je n’avais même pas besoin de chercher des sponsors pour avoir du budget.
Quels étaient tes premiers sponsors ?
J’ai ridé pour Nitro depuis le début. Et pour DC en skate quand j’étais petit. Mon père était mon agent à l’époque.
Tu as aussi eu un passé de compétiteur en skate ?
Oui jusqu’à mes 13 ans je faisais aussi à fond tous les contest de skate. Je faisais du skate avant le snow. J’ai hésité entre les deux voies. Mais vu qu’il n’y a pas de sport étude en skate, j’ai choisi le snow.
Il y a eu une période de transition entre le Lucas Baume de contest et Yung Doli ?
Il y a eu une transition financière car dès que j’ai arrêté les contests, je suis passé d’un budget de 40 000 à 2000 ou 3000 Francs Suisses. Heureusement j’avais mis un peu de côté pour pouvoir me faire une saison de transition et rider pour mon plaisir. Et c’est là que ça a commencé à partir en couille…
C’est à dire ?
D’un seul coup je n’avais plus aucune règle à respecter. Du coup j’ai bien profité. J’ai toujours été partant pour faire la fête mais on était bien surveillé quand on faisait des compétitions. Donc j’ai rattrapé le temps perdu !
Est-ce que tu penses avoir quand même un côté compétition dans ce que tu fais maintenant en tant que Yung Doli ?
Je ne fais pas ça pour être le meilleur dans ce que je fais mais juste pour me faire plaisir. Mais c’est vrai que je suis assez sérieux dans mon business même si d’un point de vue extérieur, on doit penser que je suis un bon à rien qui ne fait que boire !
Tu penses que le Lucas Baume de l’équipe de Suisse de l’époque aimerait le Yung Doli actuel ?
Je ne pense pas. A l’époque où la vidéo Transworld In Colour est sortie, j’avais détesté la part de Chris Bradshaw. Je ne comprenais pas ce qu’il foutait là alors qu’il ne faisait que des noseslides. Alors qu’ensuite c’est devenu mon rider préféré. J’aurais donc été mon premier hater !
D’un seul coup je n’avais plus aucune règle à respecter. Du coup j’ai bien profité.
D’où vient le nom Yung Doli ?
J’ai toujours eu ce truc dès que j’entends un mot qui me plait, j’en abuse et je le répète à fond. Quelqu’un a juste parlé de cette sorte de rail que l’on met pour filmer en mouvement qui s’appelle un dolly. Le mot m’a fait marrer et j’ai dû le répéter en boucle avec mes potes à chaque soirée pendant 3 semaines. Puis je suis parti en trip avec Nitro et je disais tout le temps ce mot. Dominik Wagner a entendu ça et a commencé à m’appeler Yung Doli. Puis j’ai changé mon nom sur Instagram et c’est resté depuis.
C’est venu naturellement ce concept de Yung Doli ou tu avais un plan marketing tout tracé ?
Non rien n’était prévu. Le plan quand j’ai arrêté la compétition, c’était de filmer avec une production. Je me voyais bien shooter du backcountry. Mais aucun sponsor n’a voulu me payer une part donc j’ai commencé à faire mon truc en solo. Filmer un peu pour Laax, faire mes petites vidéos perso. Ca s’est fait naturellement et j’ai trouvé mon truc en faisant ce que j’aime. Et comme ça fonctionne, je continue à fond dans cette voie. C’est facile à dire maintenant que ça marche mais au début on m’a bien craché dessus.
Et si tu avais évolué vers les vidéos backcountry, tu penses que tu serais devenu le Yung Doli que tu es maintenant ?
Non je ne pense pas. Car au final j’ai fait ça comme un fuck à l’industrie car personne ne voulait vraiment me soutenir. J’ai pris le contrepied en faisant un truc différent où je m’éclate.
C’est drôle que tu aies envisagé de faire du backcountry car on t’aurait plus vu faire du street ?
Vu que je faisais beaucoup de slopestyle, je pense que mon point fort était les kickers donc ça aurait bien collé. Je pourrais faire du street mais si je me compare aux gars qui font ça à fond depuis des années, ça ne serait pas terrible. Et au final je pense qu’une part n’a plus autant d’impact maintenant. Tu passes ta saison à filmer une part que tout le monde oubliera direct après l’avoir vu. Alors que si tu sors du contenu régulièrement, tu as plus d’impact.
Je me voyais bien shooter du backcountry. Mais aucun sponsor n’a voulu me payer une part donc j’ai commencé à faire mon truc en solo.
Comment présenterais-tu Yung Doli à quelqu’un qui ne le connaît pas ?
Comme un gars qui profite de sa vie à fond, qui fait ce qu’il aime et qui ne veut surtout pas faire ce qu’il n’aime pas. Un mec à fond dans son délire qui ne veut pas avoir de regrets.
Est-ce qu’il y a un côté provoc volontaire dans Yung Doli ?
Je ne pense pas. Je ne me suis pas habillé comme ça pour faire parler de moi. C’est juste que ça me fait marrer, que je fais le truc à fond et que j’ai besoin de me faire plaisir.
Tu te rends compte que tu es devenu l’un des sujets de conversation principaux dans le monde du snowboard actuellement ?
Non je ne me rends pas compte. C’est vrai que j’ai un peu halluciné la première fois que je suis allé à Bear Mountain et qu’on a crié mon nom du télésiège au premier run. Ou quand j’étais en Corée et que j’ai dû faire plein de selfies. Mais quand je suis à Laax, je ne m’en rends pas trop compte.
Tu es pourtant un peu devenu la mascotte de Laax ?
C’est cool car Laax me supporte bien. J’y ride depuis toujours et j’apporte quelque chose de nouveau à la station. Je touche peut être une autre clientèle.
C’est quoi le fan type de Yung Doli d’après toi ? Tu penses être le rider préféré des ados fuck boy en Supreme ?
Je pense que je peux toucher les jeunes qui s’intéressent aux fringues et au skate. Je fais aussi des tricks plus accessibles que les triple corks que l’on voit dans les contest. C’est sûr que si un jeune découvre ma façon de rider et mon lifestyle en me suivant sur Instagram, il arrivera plus facilement à s’identifier et ça lui donnera sûrement plus envie de se mettre au snowboard. J’ai envie de toucher un public plus large que celui du snowboard. Je ne comprends pas qu’un ado qui fait des vidéos marrantes sur Instagram puissent devenir millionnaire alors qu’en faisant des trucs de fou en snowboard on ne gagne quasiment rien.
Quelle trace aimerais-tu laisser dans le snowboard ?
J’aimerais faire à la façon de Supreme avec Drink Sexy. Pouvoir choisir mes potes et les riders les plus stylés pour faire une vidéo de dingue. Créer une identité forte. J’aimerais pousser ma vision du snowboard à fond.
Tu es satisfait de Buzzin ?
Je suis satisfait mais on aurait pu faire beaucoup mieux. C’était pas évident d’être juste 2 riders à plein temps pour un premier projet.
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Comment ça se passe une journée typique de ride à Laax ?
Je me lève un peu hangover, s’il fait beau, on va rider. S’il fait mauvais, on n’y va pas, on prend la voiture et on se fait un Mc Do puis on joue à la Playstation toute la journée.
Mais on te parlait d’une journée de ride ! Tu ne vas jamais rider quand il ne fait pas beau ?
Non c’est quelque chose que je ne fais plus. Même s’il y a de la pow, je n’ai pas de goggle donc je n’y vais pas.
D’où vient l’inspiration de tes tricks ? Ou trouves-tu les idées ?
Dès que j’ai recommencé à rider pour le plaisir, j’ai réalisé que tous les tricks venaient du skate. J’avais envie de faire en snowboard les tricks que je n’arrive pas à faire en skate. Je n’ai jamais réussi à faire un front blunt en skate sur une courbe alors qu’en snow c’est facile à faire dans un mini pipe. Tu peux même rajouter un tail smack pour faire encore plus skate dans le style. Mon rêve de gosse c’était d’être pro skateur et le snow me permet de faire tous les tricks que je n’arriverai jamais à faire en skate.
Est-ce que Chris Bradshaw est ta principale inspiration et tu le voies comme un modèle dans la façon dont il gère son image ?
J’ai bien bloqué sur les Sunday In The Park avec Bradshaw et j’ai commencé à analyser ses tricks. C’est clair qu’il m’a beaucoup influencé. J’aimerais beaucoup filmer avec lui mais la dernière fois que je suis allé à Bear, il s’était blessé le jour avant.
Tu pense qu’on va voir des clones de Yung Doli de la même façon qu’on a vu des clones de Bradshaw vers les années 2010 ?
Ceux qui s’habillent comme moi, je les vois pas des clones mais juste des gens que j’inspire et je trouve ça cool.
Dès que j’ai recommencé à rider pour le plaisir, j’ai réalisé que tous les tricks venaient du skate. J’avais envie de faire en snowboard les tricks que je n’arrive pas à faire en skate.
Pour rester sur les vêtements, est-ce que tu es arrivé au stade où tu vas rider et filmer que quand tu as une nouvelle tenue ?
Je ne pense pas en arriver à ce point. Mais c’est sûr que quand tu te lèves et que tu as 5 tenues toutes neuves et stylées qui t’attendent, ça t’aide à te sentir bien et à avoir envie de filmer des tricks. Si tu me donnes un pant slim avec un casque et un goggle, je ne vais pas aller rider.
Tu penses que tu tournes à combien de tenue différentes par saison ?
Vu que j’ai un nouveau sponsor BS Rabbit et que j’ai commandé toute leur collection, je risque d’en avoir pas mal ! Mais l’inspiration vient aussi du skate où quand tu vois une bonne part, le gars a une tenue différente à chaque trick.
Il te faudrait presque une styliste à chaque session alors maintenant ?
Oui sauf que je suis mon propre styliste ! Mais j’assume que les fringues fassent parti à 100 % de ma vie.
Tu as d’autres inspirations que le skate dans la mode ?
Je vois pas mal de trucs sur Instagram, je check un peu les collections de toutes les marques. Dès que je vois quelque chose que j’aime, je fais des screen shots pour avoir des inspirations.
Comment ça a commencé sérieusement ta marque de fringue Drink Sexy ?
J’étais en Chine en été pour un camp de snowboard en indoor. Je suis allé faire du shopping avec un pote chinois. On est tombé sur un magasin de tissu super flashy et j’ai voulu faire un pant sur mesure. Les Chinois du shop on un peu halluciné car ces tissus servaient à faire des costumes pour les morts. On a pris les mesures et j’ai eu mon pant 2 jours plus tard. Il m’a vachement plu et j’en ai fait une dizaine. Au début le nom était Surf Sexy. Puis comme on faisait beaucoup de soirée c’est devenu Drink Sexy et j’ai commencé à broder ça sur les fringues.
quand tu te lèves et que tu as 5 tenues toutes neuves et stylées qui t’attendent, ça t’aide à te sentir bien et à avoir envie de filmer des tricks.
Ton entourage d’aide ?
Oui ma mère m’aide, mon pote Anthony Mazzoti m’aide pour les US et c’est surtout grâce aux shops Doodah qui me prennent des grosses commandes que je peux faire ça.
Comment vois-tu évoluer Drink Sexy ?
J’ai envie d’avoir assez de moyen pour pouvoir en donner à tous mes potes et les gens qui m’inspirent. J’en ai envoyé à des potes skateurs pro qui sont pourtant sponso par des marques de wear et qui les portent pour filmer des vidéos parts et ça me fait super plaisir !
Tu te vois bosser dans les fringues plus tard ?
Oui tant que ça me plait, je vais le faire. Pour l’instant je suis à fond donc j’ai envie de persister là dedans. J’ai envie de sortir de cette bulle du snow grâce à ça.
Comment tes gimmicks de soirée te viennent ? C’est bossé ?
C’est que de la connerie spontanée poussée à l’excès mais pas trop longtemps. Ca change vite, il faut suivre.
C’est quoi le gimmick du moment ?
C’est drip à fond en ce moment ! Drip drip !!!
C’est important la fête pour toi ?
Oui c’est une grande partie de ma vie depuis que j’ai 14 ans. Je ne dis pas ça comme un alcoolique mais j’ai besoin du côté social de la fête, des histoires qui se passent, qu’on se raconte, des interactions avec les gens. Je me suis un peu calmé mais je sors quand même 2 ou 3 fois par semaine.
C’est quoi le deal avec le bar Drink Sexy dans la boite du Riders Hotel ?
Je connais bien les boss et je leur ai proposé un deal pour boire gratuitement en échange de contenu Instagram. On a commencé à faire des Gin Doli au bar et là on a carrément le bar Drink Sexy avec le néon, une déco et des boissons spéciales. C’est cool car je peux boire gratuitement toute la saison. C’est le Swiss Dream baby!
Je ne dis pas ça comme un alcoolique mais j’ai besoin du côté social de la fête, des histoires qui se passent, qu’on se raconte, des interactions avec les gens.