Les 12 et 13 mars dernier, nous étions à Tignes avec DC pour ce qui devait être leur gros évènement de fin de saison. Après un épisode en début de saison, nous devions en faire un autre avec le team global. Tout ne s’est malheureusement pas passé comme prévu à cause du Corona virus. Les riders du team global ont annulé. On devait les remplacer par les riders du team Europe qui n’ont également pas pu venir. Notre dernière chance était de réunir le team France la semaine d’après mais le confinement a débuté…
On a quand même réussi à filmer un peu sur le DC Park de Tignes le premier jour (et sur celui de Val d’Isère le lendemain) avec les deux seuls riders présents, Victor Loron et l’Autrichien Benny Wetscher qui ont bravé les rafales de vent. On ne le savait pas encore mais ces images étaient les derniers moment de snowboard et d’apéro entre amis de la saison (avec la session Roster qui a eu lieu le lendemain). Voici donc un petit edit mélancolique de Justin Dutilh, accompagné d’un portfolio et d’une interview du photographe et lodge keeper de DC, Adrien Blanc aka Canardo.
ITW Adrien Blanc
D’où viens-tu et pourquoi ce surnom de Canardo ?
Je viens de Lyon et ça fait 20 ans que j’y skate avec un appareil photo autour du cou depuis pas mal d’années. Canardo, c’est un surnom qui me suit depuis l’époque du KSF, crew de skaters lyonnais des années 2000. Il vient d’un mix entre un extrait du film La Haine où il parle du Senior Canardo et une cheville en vrac qui m’a fait marcher comme un canard pendant plusieurs mois.
Comment t’es-tu retrouvé à travailler pour DC ?
J’avais déjà travaillé pour DC il y a une dizaine d’années. J’ai skaté pour eux tout en étant commercial à côté. J’ai toujours mixé le coté organisationnel du commercial et le coté créatif du skateur. Je bossais en temps que commercial pour une autre marque de chaussure et j’ai arrêté cette année. Ca tombait pile au moment où DC cherchait un « Lodge Keeper » pour leur nouveau projet à Tignes. DC est une des rares marques à proposer un Lodge en partenariat avec un snowpark. Tignes est une station très dynamique donc c’était super motivant de faire partie de ce projet.
Quelles étaient tes fonctions cette saison?
J’ai un peu pris le relai de Julien “Jésus” Vaury, qui a fait ça pendant des années avec le chalet DC de Méribel. Pour mes fonctions, j’ai dû collaborer avec la station pour la communication et le contenu, avec les shapers pour la coordination du snowpark, accueillir et gérer les invités du lodge, faire les activations média pour le marketing de DC et bien sûr beaucoup de photos sur la neige. Les journées étaient toujours différentes et bien chargées mais pour un hyper actif comme moi, ça tombe bien. J’étais une sorte de mix entre Tony Micelli, Terry Richardson, un GO du Club Med et une nounou d’enfer…
Est-ce c’était le job de rêve où tu pouvais rider tous les jours ou tu avais quand même pas mal de choses à gérer ?
J’avais beaucoup de boulot mais j’ai essayé de rider un maximum. Je pouvais m’organiser comme je voulais donc je profitais des bonnes condtions quitte à bosser plus tard le soir ou me réveiller plus tot. J’ai quand même bien profité.
J’étais une sorte de mix entre Tony Micelli, Terry Richardson, un GO du Club Med et une nounou d’enfer…
Quelle est ton opinion sur le DC Park de Tignes ?
Le snowpark est en 3 parties et chaque zone est différente et évolutive en fonction du niveau. Ils ont un gros stock de modules et les shapeurs sont bien créatifs et motivés, donc on ne se lasse pas. Le seul petit problème cette saison, c’est qu’il y a eu trop de tempête de neige. 11 mètres de neige au cumulé. Donc ils ont un peu galéré à devoir tout reshapé presque chaque semaine. Je me suis rendu compte à quel point c’est un taf de malade d’entretenir un park toute la saison. On a aussi organisé des petits contests gratuits avec DC tous les jeudi avec pas mal de lots à gagner et c’était très cool.
Raconte nous comment ça s’est passé quand les skateurs sont venus. Comment l’univers du snow est perçu d’après toi dans les skate ?
C’est cool de bosser pour une marque qui est dans le skate et le snow comme DC car ils aiment bien mélanger les deux univers. Je trouve que les skateurs et les snowboardeurs que j’ai côtoyé sont aussi fun et pointus dans leurs domaines. L’univers du snow et du skate ont beaucoup en communs. Plein de skateurs font du snow et en aiment le côté créatif et communautaire.
Parles nous un peu de ton parcours dans la photo.
Ma première rencontre avec la photo fut pendant des skate-trip où mon père m’avait prêté un argentique. A partir de là, j’avais un boiter avec moi sur chaque voyage. Je ne faisais pas de photos d’action mais juste du lifestyle. Puis faisant parti de la scène skate de Lyon, j’ai été très inspiré par des photographes tels que Fred Mortagne, Olivier Chassignole, Loic Benoit ou Pierre Dutilleux. C’est une époque où on a beaucoup shooté de skate avec David Manaud. Chaque fois que l’on finissait une session, il me donnait des petits tips photo pendant le dérushage. Je suis un peu devenu son Padawan. La photo était l’échappatoire créatif de mon quotidien de commercial. J’ai fini par faire des expositions et ça me plait beaucoup.
L’univers du snow et du skate ont beaucoup en communs. Plein de skateurs font du snow et en aiment le côté créatif et communautaire.
Comment s’est passé cette première saison à shooter uniquement en montagne ?
La vie à Tignes est super agréable et le cadre vraiment top. A l’instar d’un photographe de National Géographique, j’ai commencé par amadouer des choucas à base de fromage et saucisson afin qu’ils deviennent mes premiers sujets. J’ai continué avec les shapers du park en les amadouant avec des Carlsberg. Et j’ai shooté tous les riders de passage. En montagne c’est dur d’avoir les bons créneaux météo. Par exemple quand Riding Zone est venu tourner une émission, on avait un créneau de 3h et une météo capricieuse. Dans ce moment-là, il faut être créatif et jongler avec les paramètres. J’ai vraiment apprécié pouvoir shooter plus de snow et j’ai beaucoup de respect pour les photographes de snow spécialisés.
Je reste un skater avant tout mais le snow a toujours fait partie intégrante de ma vie et les deux sont complémentaires. Pour faire de bonnes photos de snow ou de skate, il est important d’aimer rider. Ça t’aide pour anticiper un turn, la hauteur ou le bon moment pour cliquer. Et ça améliore la relation avec les riders. Le moment de partage pendant le derushage après une bonne session est vraiment kiffant. Que ce soit en tant que rider ou photographe.
Tu utilises quel matériel ?
J’utilise du Fuji depuis quelques années. Mais j’ai toujours mon Rolleiflex dans mon sac photo. J’aime autant l’argentique que le numérique. Les deux me permettent de m’exprimer différemment.
Quels sont tes prochains projets ?
Une nouvelle expo est en préparation à Lyon avec des photos plutôt lifestyle. Je vais également rejoindre une très belle marque de skate pour un projet qui mixe commercialisation et créativité. C’est le rêve d’enfin pouvoir fusionner ma vie de commercial et ma passion artistique.
Le moment de partage pendant le derushage après une bonne session est vraiment kiffant. Que ce soit en tant que rider ou photographe.
Pour voir plus de photos d’Adrien sur Instagram :
www.instagram.com/adrienblanc/
Interview Julien Mounier